Shikowas, les cagnottes de la liberté
52 min - France TV Pôle Outre-mer
2023
Réalisé par Mélanie Dalsace
L’histoire des chicoas est liée à celle de Mayotte. Un héritage venu d’Afrique, une tradition dans une île musulmane qui permet de s’affranchir de tout recours à des systèmes financiers habituels, banque ou micro crédit. Le chicoa est aussi ancien que son origine étymologique est mystérieuse. Ni en shimaoré, ni en kibushi, les deux langues vernaculaires les plus courantes à Mayotte, le mot ne trouve de racine connue. Les plus vieux de l’archipel se souviennent que cela a toujours existé, mais que pendant longtemps les chicoas étaient l’apanage presque unique des hommes de l’archipel.
Depuis les années cinquante, les Mahoraises se sont appropriées les chicoas, au point que ces groupes d’échange et d’épargne informels sont désormais devenus majoritairement féminins et constituent un outil de financement de pans entiers de l’économie locale, aidant une partie de la population dont 77% vit sous le seuil de pauvreté.
Elles s’appellent Bibi Fatima, Rahababi, Zaïtouni, Naïsha, elles sont mahoraises, elles ont trente, quarante ou soixante ans et toutes sont investies dans un chicoa, une sorte de tontine, de cagnotte solidaire, d’épargne informelle qui leur permet de porter des projets familiaux ou professionnels dans des logiques de court ou moyen terme.
Elles mettent de côté quelques dizaines ou quelques centaines d’euros par mois pour construire une maison, organiser le mariage de leurs enfants ou s’occuper du réassort complet d’un stand au marché de Mamoudzou, des initiatives qu’elles entendent réaliser en quelques mois ou quelques années seulement.